Acheter un appareil électronique ou électroménager n’a rien d’anodin. Entre obsolescence programmée, coût environnemental et difficulté de réparation, les consommateurs cherchent aujourd’hui des repères pour faire des choix plus durables.
C’est dans ce contexte qu’ont été créés deux outils-clés : l’indice de réparabilité et l’indice de durabilité.
L’indice de réparabilité : un premier pas vers la transparence
Mis en place en janvier 2021 dans le cadre de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC), l’indice de réparabilité informe les consommateurs sur la facilité à réparer un produit avant de l’acheter.
Cet indice, noté sur 10, repose sur plusieurs critères :
La documentation technique mise à disposition du public et des réparateurs.
La démontabilité de l’appareil et l’accessibilité des pièces.
La disponibilité et le prix des pièces détachées.
Un critère spécifique à chaque catégorie de produit (smartphone, ordinateur portable, lave-linge, etc.).
Plus la note est élevée, plus le produit est facile à réparer.
Par exemple, un ordinateur noté 8/10 sera beaucoup plus réparable, et donc durable, qu’un modèle à 4/10. L’indice ne concerne que les ordinateurs portables, les tondeuses à gazon électrique, les lave-vaisselles, les aspirateurs et les nettoyeurs haute-pression.
L’indice de durabilité : une vision plus complète du cycle de vie
Prévu par la loi et déployé progressivement à partir de 2024, l’indice de durabilité va plus loin que celui de réparabilité. Son objectif : offrir une information plus globale sur la longévité réelle du produit, au-delà de sa simple capacité à être réparé. Il ne concerne pour le moment que les téléviseurs et les lave-linges.
Il repose sur deux grandes familles de critères :
La réparabilité des équipements, qui tient compte de la disponibilité de la documentation, de la facilité de démontage et du coût des pièces détachées.
La fiabilité des équipements, évaluée à travers leur résistance à l’usure, leur facilité d’entretien, la qualité du service après-vente et la durée de garantie.
En somme, l’indice de durabilité mesure le potentiel de vie d’un produit dans le temps, en combinant ses qualités techniques, matérielles et logicielles.
Extension progressive : de nouveaux produits concernés d’ici 2027
Le gouvernement français a prévu d’étendre progressivement l’indice de réparabilité à de nouvelles catégories de produits :
| Année | Nouveaux produits concernés |
|---|---|
| 2025 | Vélos à assistance électrique, sèche-cheveux, enceintes audio, robots culinaires |
| 2026 | Fours micro-ondes, rasoirs et épilateurs électriques, casques audio et écouteurs, trottinettes électriques |
| 2027 | Friteuses à air, appareils de coiffage, vidéoprojecteurs, climatiseurs |
Cette extension permettra à davantage de consommateurs d’intégrer ces critères dans leurs décisions d’achat.
Un pas de plus vers le réemploi et la sobriété
Ces indices incitent les fabricants à concevoir des produits plus solides, réparables et évolutifs, tout en permettant aux consommateurs de faire des choix éclairés.
Mais leur impact va au-delà de l’achat :
Un produit réparable est un produit qu’on peut donner plutôt que jeter.
Un appareil durable trouve plus facilement une seconde vie grâce à des plateformes comme Donnons.org.
Ainsi, ces outils s’inscrivent pleinement dans la démarche du réemploi : réduire les déchets, prolonger la vie des objets et encourager une consommation circulaire.
Un outil perfectible
Comme tout indicateur, ces indices ne sont pas exempts de limites.
D’abord, ce sont les fabricants eux-mêmes qui évaluent leurs produits, ce qui peut conduire à des notations optimistes. Selon l’association Halte à l’obsolescence programmée, la grille de critères laisse une marge d’interprétation trop importante et mériterait des contrôles indépendants plus systématiques.
La DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) effectue déjà des vérifications. D’après ses dernières analyses, seuls 3,6 % des modèles contrôlés ont été jugés non conformes. Un chiffre encourageant, mais perfectible.
Autre limite : tous les critères ont actuellement le même poids dans la note finale. Résultat : un appareil difficile à démonter, mais avec des pièces détachées disponibles, peut obtenir une bonne note alors qu’il est, dans les faits, peu réparable.
À terme, il serait souhaitable de pondérer les critères pour mieux refléter la réalité du terrain.
L’indice de réparabilité a ouvert la voie à une consommation plus transparente et plus responsable. L’indice de durabilité, en élargissant la réflexion à la fiabilité et à la longévité, pourrait transformer durablement notre rapport aux objets.
Réparer, réutiliser, donner : trois gestes simples qui, ensemble, construisent un avenir où rien ne se perd, tout se donne.





